«Il n’y a pas besoin d’inscription pour l’atelier nous sommes ici dans l’espace public qui nous appartient à tous. Tout me monde est le bienvenu ! »
À peine arrivé, les dédaliens ont été pris d’assaut par les enfants qui leur ont dit « ah, vous êtes enfin là ». Ils ont tout de suite joué avec eux à la « balle aux prisonniers » avec une trentaine de joueurs l’ambiance était à son comble.
L’organisation des équipes un peu longue mais gérée par les enfants eux-mêmes. Les règles du jeu ont été changées au milieu de la partie pour qu’il puisse y avoir une fin de jeu. Demande de consensus. Tout le monde était d’accord. Mise en place de la nouvelle règle.
Après quoi, un groupe est allé sur le tapis où ils ont réalisé une affiche dessinée et coloriée collectivement avec les feutres, les crayons et craies présents. Chacun-e-s pouvai-en-t y mettre de sa créativité. Ce temps de dessin, calme, nous permis d’échanger et d’apprendre à se connaître en parlant. L’idée étant qu’ils ne s’attendent pas à ce que nous leur apportions du « prêt-à-faire » mais qu’ils-elles décident ensemble dans un premier temps puis co-organisent en fonction des capacités de chacun-e-s.
Un autre groupe d’une dizaine de personne a joué au frisbee. Certains sont arrivés en pleins milieu du début de partie. Un jeu que les enfants semblent fortement apprécier.
De façon inattendue une voiture de police vient vers nos espaces de jeu. Les enfants étaient épatés de la voir. On pouvait les entendre dire « oh, y’a la police ! ». Il faut dire que la voiture a bien été l’exemple d’une épreuve de force (ou de faiblesse? Rester dans sa voiture sans oser sortir…). Elle ne s’est pas gênée pour venir jusqu’à nous en roulant sur le gazon (ce qui serait interdit pour n’importe quel autre véhicule de ce type). Arrivée au niveau du tapis, la voiture s’est arrêtée. Les enfants ont aussi interrompu toutes leur activité (et les adultes aussi) pour voir ce que faisaient les forces de l’ordre à cet endroit et car ils nous ont posé question. L’agent de police, toujours à l’intérieur de son armure roulante nous dit « on nous a signalé qu’il y avait un pit-bull sans muselière, ici. ». On lui a répondu qu’en tout cas, nous n’y avons pas prêté attention et que nous n’avions pas été gênés ni dérangés. Après quoi, ils sont partis. Nos activités ont repris.
A cela, il faut ajouter qu’un enfant faisait des incessants tours de mobylettes prêtées par un adulte. Cette mobylette a clairement pollué (au niveau sonore) la parole au sain de l’assemblée. L’adulte a demandé à l’enfant de s’éloigner de l’atelier afin de ne pas nous déranger. Mais, l’enfant ne l’a pas écouté car trop pris par la folie, la puissance, la vitesse et l’ivresse de cette prothèse technologique. Un des dédaliens a été très sensible à ce désagrément et souhaite qu’on essaye d’y remédier à terme.
Le temps passe toujours trop vite à l’atelier de rue. Arrive alors l’heure de l’assemblée d’échange et de discussion ! 16 enfants y étaient présents. On a passé en revue plusieurs éléments pour le prochain atelier de rue. Les enfants deviennent de plus en plus acteurs de l’atelier. Ils-elles ont proposé de prendre notre dessin en photo. Ils-elles ont voulu également que nous faisions une photo de groupe avec. Nous nous sommes également demandé que faire du dessin. Une jeune fille voulait plutôt le garder. Une autre à proposée de le ramener chaque semaine et de le confier à un-une autre participant-te à chaque fois.
Voilà ce que les enfants ont proposé de rapporter la prochaine fois (sans qu’on leur demande):
Liam ramènera un jeu de société.
Djendra et Maroua amèneront un goûter et un jeu de société.
Nyhel ramènera un jeu.
Sophie un goûter.
Aron et Mohamed aimeraient qu’on ramène les raquettes et les frisbees.
Des filles demandent à ramener les feuilles pour dessiner.
Une personne propose de ramener un jeu de Dames.
Khaled amènera un goûter, des verres et son frisbee.
L’atelier prend forme et les enfants se sont exprimés et ainsi appropriés cet outil qui semble destiné à avoir des jours heureux dans ce quartier. Nous pensons qu’il serait important pour la prochaine fois de rapporter Idéfix (une peluche) comme bâton de parole (comme proposé au premier atelier par Liam et Lissandro).
C’est l’heure du goûter. Les enfants sont nombreux à rester, à servir et à partager les différentes denrées que nous avions amenées. Ils avaient faims et soifs. Certains timides au début, mais moins une fois que le service a commencé. Le goûter était copieux, mais plus rien ne restait à la fin.
Des adultes ont aussi échangé avec certains dédaliens. Ils étaient assez heureux et enthousiastes par rapport à ce qu’on faisait. Un des parents venait tous les samedis pour jouer avec les enfants, maintenant il ne peut plus le faire aussi souvent. Il a manifesté son bonheur quant à nos ateliers et nous rejoindrait peut être d’ici peu. Une enfant, nous a dit que :« une dame m’a dit qu’elle vous amènera du thé la semaine prochaine ».
Une maman est venue nous parler pour échanger quelques paroles et voir que sa fille était ravie. Elle avait l’air toute aussi contente que sa fille! Une grande sœur (adulte) est aussi venue nous voir au même moment, contente également. Elle souhaitait nous mettre en garde contre un certain type d’enfants qui pourrait venir « mettre le bazar » mais qui n’étaient pas encore venus. Nous avons écouté mais nous avons préféré considérer qu’il n’y avait pas de différence, qu’ils-elles étaient tous des enfants.
Une dame vint nous voir tout à la fin de l’atelier peu avant le départ et demande « mes filles m’ont parlé de votre association. Comment on fait pour les inscrire à vos ateliers? ». Khaled lui répond « Il n’y a pas d’inscription pour l’atelier nous sommes ici dans l’espace public qui nous appartient à tous. Tout le monde est le bienvenu. Chacun vient avec ce qu’il souhaite, on partage de bons moments et on joue ensemble. Nous sommes là tous les samedis de 14h30 à 17h30 ». La dame a été très heureuse et a eu les yeux qui on brillé de bonheurs. « C’est très bien ce que vous faites ».
Loin du militantisme de la tristesse, les ateliers de rue nous propulsent dans le militantisme du bonheur. Quel beau cadeau que nous offre la pédagogie sociale!